Les procédures de régénération tissulaire font l’objet de nombreuses publications depuis plus de 10 ans maintenant en endodontie, et d’un nombre considérable de rapport de cas avec suivi clinique et radiographique sur plusieurs années.
Dans la thérapeutique de la dent permanente immature nécrosée, l’objectif est d’obtenir une régénération du tissu pulpaire pour espérer la poursuite de l’édification radiculaire (apexogenèse) et la maturation radiculaire (épaississement des parois)
Pour cela, il convient de réaliser la stérilisation du canal puis d’appeler les cellules souches contenues dans la papille apicale à venir repeupler le canal pour remplacer les odontoblastes et reformer de la dentine
Le premier protocole impliquait une simple irrigation canalaire dans la première séance suivie de la mise en place d’une préparation magistrale d’une pâte triple antibiotique (vite abandonnée du fait des dyschromies sévères provoquées par la tétracycline utilisée) en interséance. Dans la 2e séance, la médication était éliminée, puis un rinçage à l’EDTA était supposé libérer des facteurs de croissance contenus dans la dentine radiculaire alors qu’on stimulait un saignement intracanalaire par le passage d’instrument manuel dans le périapex. Le caillot sanguin devait idéalement remplir le canal jusqu’à la zone cervicale et était protégé par une couche de silicate de calcium (à l’époque, seul de proRoot MTA « blanc » était disponible, contenant de l’oxyde de bismuth responsable là aussi de dyschromie).
La triade régénératrice était bien réunie (l’échafaudage, les cellules souches et les facteurs de croissance) sans oublier le matériau bioactif.
La procédure s’est considérablement simplifiée (un seul antibiotique, puis juste de l’hydroxyde de calcium, voire pour certains une seule séance sans médication) et les biomatériaux à base de silicate de calcium sans oxyde de bismuth, prédosés ou prémixés sont apparus sur la marché
Les résultats sont constants: on obtient systématiquement une cicatrisation des lésions périapicales quand elles existent mais le gain en longueur et en épaisseur est rarement observé!
Les résultats histologiques montrent une revascularisation de l’espace canalaire avec déposition pariétale d’un tissu ostéocémentaire: Il s’agit donc une cicatrisation par réparation et non régénération.
Les cas où l’on observe une fermeture apicale avec une véritable apexogenèse seraient vraisemblablement ceux où il persiste encore du tissu pulpaire fonctionnel dans la zone apicale malgré la nécrose du reste du canal
La question de l’absence de renforcement effectif de la dent dans la zone cervicale, la plus vulnérable, est donc légitime … L’apexification a donc toujours sa place dans le champ des indications thérapeutiques.
Iranmanesh P, Torabinejad M, Saatchi M, Toghraie D, Razavi SM, Khademi A. Effect of Duration of Root Canal Infection on the Ability of Dentin-Pulp Complex Regeneration of Immature Permanent Teeth: An Animal Study.
J Endod. 2022 Oct;48(10):1301-1307